
Sujet tabou peu abordé dans les entreprises, on constate que, comme pour les autres types de risques psycho-sociaux, chacun se renvoie les responsabilités : nous traiterons ici de cette question de la frontière vie privée / vie professionnelle et des responsabilités de chacun : employeur vs salarié.
Rappelons que les responsabilités de l’employeur sont de préserver la santé / sécurité de ses salariés (Obligations de sécurité de résultat : l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs) , sans entraver leur liberté individuelle (principe de proportionnalité et de justification : nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature et la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché).
Ces deux injonctions ne sont pas faciles à concilier, imaginons un employeur qui décide de dépister la consommation de cannabis, et qui utilise des tests de dépistage salivaires : les résultants indiquent-ils que la personne a consommé du cannabis dans les dernières 24 h ou qu’elle n’est pas en état de prendre son poste ? restriction des libertés individuelles ou pas ?
Les droits et devoirs du salarié sont définis par une obligation de sécurité envers lui-même et à l’égard d’autrui. Il est également en position d’exercer son droit d’alerte devant toute situation grave pour sa santé et celle d’autrui, ou son droit de retrait : peut se retirer quand il a un motif raisonnable de penser qu’il y a un danger grave et imminent pour sa santé.
La question des addictions est forcement à la frontière de la vie professionnelle et de la vie privée, et chaque victime est une personne dont les ressorts de comportement sont à la fois personnels et liés à son activité ; La question n’est donc pas de savoir si l’origine du problème est privée, mais de prendre en charge les conséquences de sa consommation dans le cadre du travail.
Peu importe de savoir ce qui a entrainé la consommation de substances addictives, si tant est que ce soit possible d’identifier précisément les causes. On sait néanmoins qu’environ 15% des personnes consommant des substances addictives le font à cause de difficultés liées à leur travail.
Les 6 facteurs professionnels qui entrainent le plus la consommation d’alcool, drogues ou médicaments sont :
- La disponibilité des produits sur le lieu de travail et l’accès libre à ces derniers peut en effet être un facteur de risques.
- Les pratiques culturelles/sociales qui invitent à la consommation : les habitudes conviviales, la consommation pratiquée dans le cadre de Relations hiérarchiques, les habitudes de bizutage, la consommation effectuée dans le cadre d’une démarche commerciale (repas d’affaires et cocktail), les pratiques instaurées pour favoriser la cohésion d’équipe (l’apéro entre collègues) , cela ne touchant pas de la même manière les salariés selon leur âge et ancienneté.
- La Précarité professionnelle est également une cause des pratiques addictives, et le statut, la rémunération, l’image de marque du métier, l’absence d’évolution professionnelle ou d’information sur le projet d’entreprise, et les situations de reclassement sont des facteurs de pratique addictive.
- Les relations sociales pauvres : absence de reconnaissance, manque de soutien, isolement, relations hiérarchiques atomisées, opacité managériale, Manque de soutien syndical, Manque de temps de transmission, Manque de réunion de travail, Absence de supervision, de débats professionnel, d’évolution professionnelle, Absence ou excès de contrôle exclusion.
- Tensions psychiques : conflit, souffrance, isolement, désœuvrement, anxiété, vigilance, activités interrompues, charge émotionnelle, manque d’expérience, mauvaise estime de soi, exclusion, surinvestissement, manque de reconnaissance, perte de sens, injonction contradictoire, manque d’éthique, usure mentale,
- Tensions physiques : temps de travail irrégulier, horaires atypiques, activité répétitive, intensité des gestes, bruit, odeurs, chaleur, douleur, TMS
Cette liste de facteurs souligne bien que les facteurs individuels et collectifs sont mêlés, personnels et liés à l’organisation. Pour agir sur les consommations de SPA (Substances Psycho Actives), il n’est pas pertinent de « se renvoyer la balle » pour savoir quid de l’aspect individuel ou professionnel est à l’origine du problème ; cela passe par la prise en compte de deux dimensions fondamentales.
L’approche individuelle, par le repérage et l’orientation vers le service, et la capacité à proposer un accompagnement adapté avec des acteurs externes : médecin traitant, centre d’addictologie…
L’approche collective, car le lieu de travail peut représenter un lieu de prévention et de promotion de la santé.
Effet Tremplin s’engage aux côtés des employeurs afin de prévenir ces risques professionnels.
Nous serons présents lors de la journée sécurité VEOLIA pour animer des ateliers « alcool, drogues, médicaments, tous acteurs, tous concernés »
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