
Après vous avoir donné des techniques de relaxation, j’aimerais parler aujourd’hui de vos émotions, et oui, n’est-ce pas le bon moment de l’introspection pour apprendre à accueillir, décharger et dépasser les ressentis plus intenses ? La peur, cette émotion si forte, la peur d’être contaminé, l’angoisse du lendemain, la colère de devoir renoncer à ses activités préférées, autant d’émotions difficiles à vivre en peu de temps.
On vous propose de donner un sens à tout cela, est-ce le bon moment ? n’est-ce pas trop tôt pour tirer des enseignements de la crise que nous traversons ?
Aujourd’hui je préfère vais vous aider à accepter ce qui vient pour pouvoir traverser cette période, accueillir les émotions difficiles pour pouvoir les décharger.
Accepter un ressenti désagréable n’est pas une démarche naturelle, elle est plutôt contre intuitive. Accepter nos perceptions permet d’agir suffisamment tôt avant que les pensées en boucle ne s’installent.
Lorsque la tempête s’abat par surprise, notre esprit s’emballe et nos émotions nous submergent. L’anxiété favorise une disposition à ressasser nos craintes, frustrations, irritations, colères, découragements. Les ruminations ne sont pas seulement une tendance à rabâcher des idées désagréables, elles sont surtout des pensées négatives qui s’installent lorsqu’aucune action correctrice n’est mise en place pour accueillir la peur, parce que nous ne pouvons ou n’osons pas agir.
Au niveau émotionnel, il faut essayer de rester au maximum dans notre fenêtre de tolérance, c’est-à-dire dans cet espace émotionnel dans lequel nous nous sentons en sécurité. Si nous sommes dans un niveau de stress trop élevé, nous n’avons plus la capacité à voir les choses clairement.
Face à la peur, le déni est par exemple un mode de défense instinctif, de même que l’agressivité. Les réactions de panique sont également des réactions disproportionnées, les files d’attente dans les magasins sont une manière de canaliser l’angoisse montante et remplir son frigidaire une manière détournée de se protéger.
Parlons de la peur aujourd’hui qui est probablement une émotion largement ressentie. A défaut de pouvoir être exprimée dans un lien d’affection, qui apporterait sécurité et réassurance, la peur va s’exprimer de manière détournée et c’est un autre sentiment qui va apparaître spontanément dans le présent, à la place de l’émotion authentique. Ainsi l’angoisse qui ressemble à la peur est en fait un sentiment ressenti par des personnes ayant des problèmes de lien . Leur environnement ne leur ayant pas apporté l’affection attendue, elles ont gardé la peur que ce lien ne se rompe ou se passe mal. Elles vivent des relations colorées d’angoisse.
La peur est une émotion primaire qui apparait lorsque nous ressentons un sentiment d’insécurité. Derrière chaque émotion il y a un besoin et dans le cas de la peur, la réponse attendue est une réassurance, une sécurité.
Que faire face à la peur ?
La première réaction est de pouvoir exprimer cette peur à quelqu’un.
Comme nous l’avons vu, la peur se régule dans nos liens d’attachement, et la difficulté de la situation actuelle rend les choses plus difficiles car cela doit se faire à distance. Lorsque nous exprimons la peur, nous avons besoin d’un contenant, c’est-à-dire de pouvoir parler de ce qui nous fait peur et de sentir que notre peur peut se lâcher, qu’elle ne va pas exploser. Cela peut être d’être pris dans les bras ou de se sentir dans un lieu sécure. Une fois la sensation d‘apaisement trouvée, c’est aidant de pouvoir exprimer ce que l’on ressent et de pouvoir dire les choses plus en profondeur, jusqu’à se libérer complètement de sa peur. Nous avons pour cela besoin d’être écouté par une personne qui n’ait pas « peur de notre peur » et qui nous permette de la visiter avec elle, qui trouve sa juste place pour nous accompagner jusqu’au bout de notre émotion.
L’étape suivante est de pouvoir apaiser la décharge émotionnelle de sa peur. Apaiser, c’est rendre banal, humainement naturel. Nous avons besoin que notre peur soit reconnue par l’autre, mais pas en la minimisant ni en la niant. C’est alors que nous pouvons commencer à chercher des options opérationnelles, c’est-à-dire trouver ce qui va pouvoir nous rassurer. Dans la situation présente et face à la peur d’être contaminé, c’est trouver ce qui peut nous rassurer : éviter de sortir, demander à quelqu’un qui de faire nos courses, se remettre en tête les modes de contamination et les gestes barrières, faire son propre examen clinique et évacuer les symptômes possibles.
Pour nous aider à réparer notre émotion de peur, nous avons besoin d’être vraiment rassuré par quelqu’un de calme qui n’ait pas peur. Le calme enverra un message de confiance à celui qui éprouve la peur. Nous savons que la peur est contagieuse, et les personnes qui la reçoivent, envoient des messages rassurants pour se rassurer eux même le plus souvent.
Pourtant c’est le calme intérieur de l’autre qui a le plus de force pour permettre la réparation. Je pourrai faire une expérience positive de ma peur, une fois dépassée, si je la confie à un autre calme et sans peur. Je pourrai alors traverser cette peur et aller jusqu’au bout, parce que je l’ai senti tranquille face à ma peur.
J’espère que cet article vous apportera un éclairage pour mieux comprendre votre peur. Poursuivez les exercices de relaxation, c’est important pour rester zen, et restez à l’écoute des émotions qui vous traversent, pour les accueillir et les laisser cheminer en vous, jusqu’à ce qu’elles vous quittent pour un jour ou pour +.
Si vous avez besoin, n’hésitez pas à revenir vers moi, j’accompagne les personnes dans tous leurs rebonds, professionnels et intérieurs !
Je vous communique également des numéros de cellules d’écoute psychologique gratuite :
Association Terrapsy : accompagnement psychologique par téléphone et en urgence
Entretiens avec un psychologue proposés en française, anglais et arabe. 7/7 au 0 805 383 922
Cogito’z : hotline d’écoute et de soutien au 0 805 822 810.
Psychosolidaires.org : plateforme de prise de rdv en ligne (téléphone ou visioconférence) avec un psychologue bénévole.
De nombreux psychologues proposent des permanences gratuites via le site Doctolib.
SOS Amitié : des écoutants bénévoles sont à votre écoute 24/24 et vous avez besoin de parler pour rompre l’isolement, au 09 72 34 40 50.
Cet article a été écrit avec l’éclairage précieux de Christine Chevalier, « savoir faire face aux émotions au travail », Interéditions.
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